Bachar Kouatly rend hommage à Fischer

Publié le par Kyonyx

Dans l'édito d'Europe Echecs de ce mois de février 2008, le Rédacteur en chef, Bachar Kouatly, rend un vibrant hommage à Bobby FISCHER. Le voici :


"Alors que nous étions en train de terminer ce numéro d’Europe Echecs, la nouvelle du décès de Bobby Fischer nous est parvenue.
L’émotion m’envahit au moment d’écrire ces lignes. Je suis en partie un enfant échiquéen de Bobby Fischer. Le premier livre d’échecs qui m’a été offert par ma mère relatait le match Fischer-Spassky.
Je me souviens avoir dévoré ce livre en essayant de comprendre les parties du championnat du monde à Reykjavik en 1972.
Je trouvais les joutes extrêmement belles et la facilité déconcertante qu’y déployait Fischer a certainement exacerbé mon goût pour le jeu d’échecs et orienté en partie ma vie.
Aujourd’hui, je suis très mélancolique. Ce génie, que j’ai eu l’honneur et la chance de rencontrer en Allemagne grâce à Boris Spassky, en juin 1990 lors des préparatifs du championnat du monde Kasparov-Karpov à Lyon, m’a marqué à tout jamais. Il fait partie d’une espèce rare d’êtres humains qui n’aura jamais renoncé à ses croyances, à ses vérités, à ce qu’il a été au fond de son âme tout au long de son existence. Cet homme était bâti physiquement et mentalement pour livrer des batailles homériques.
Toute sa vie aura été un combat, d’autant plus difficile qu’il était prêt à affronter la terre entière si la vision qu’il avait de ce qui lui était proposé ne lui convenait pas. Cela peut évoquer un champion capricieux ou une diva qui n’accepte pas l’ordre établi des choses.
En fait, Fischer était exigeant vis-à-vis des autres car il l’était avant tout vis-à-vis de lui-même.
Au-delà des belles parties d’échecs qu’il nous offrit, il n’a jamais ménagé ses efforts pour que les conditions des joueurs d’échecs s’améliorent.
Ses exigences, qui ont fait perdre des cheveux à plus d’un organisateur, ont permis avec le temps un développement général de la situation des joueurs d’échecs.
Aujourd’hui, des centaines d’animateurs vivent dans le monde grâce à la notoriété du noble jeu que Fischer a contribué à amplifier de manière significative.
Le charisme qui se dégageait de ce personnage hors du commun était instantané pour tout individu qui pouvait l’approcher.
Son dernier pied de nez, tout symbolique, est son départ de ce monde à l’âge de 64... cases !

Nous reviendrons, lors du prochain numéro, avec un dossier spécial à la mémoire de ce grand joueur.

Bonne lecture à toutes et à tous."

Publié dans Infos

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